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El embalse de Beninar

Dans ma quête du lieu parfait pour photographier la voie lactée, j'avais repéré un lac de barrage peu fréquenté, L'Embalse de Beninar. Malgré quelques difficultés, ce spot allait se révéler spectaculaire.

Au coeur des montagnes arides de l'Alpujarra, il y a un petit lac de barrage. Véritable réservoir d'eau pour les villages environnants, ce lac n'est pas exploité à des fins touristiques puisqu'il y est interdit de s'y baigner et d'y naviguer. Peut-être est-ce pour protéger la faune et la flore locale ? Toujours est-il que les abords sont sauvages et suffisamment éloignés de la pollution lumineuse pour que cela mérite une expédition des étoiles.

Je voulais m'y rendre de jour pour trouver les points de vue les plus accessible et après un premier repérage sur Google Street view,
je me suis vite rendu compte que la partie n'allait pas être de tout repos...
Pour y accéder, il fallait emprunter une de ces routes dont seule l'Espagne profonde à le secret :
étroite, avec une visibilité limitée et, bien entendu, parfaitement escarpée. Certes, le paysage et les vues étaient magnifiques, mais impossible d'en profiter puisque la moindre inattention pouvait me faire arriver de manière expresse une centaine de mètres plus bas. Après une demi-heure de conduite et de prières à toutes les divinités possibles, j'arrivais enfin vers ce fameux lac et je pouvais commencer mes explorations.

Première constatation : le lieu était éclairé par de la lumière artificielle sur le pont et la voie lactée allait se trouver exactement au dessus. Il fallait donc trouver un point suffisamment éloigné pour que cela ne pose problème.
Deuxième constatation, tout le côté ouest du lac était difficilement accessible. Néanmoins, j'ai quand même réussi à trouver un coin qui semblait sympa...

Je suis donc revenu sur la partie orientale du lac et là, j'ai repéré trois spots :

Un premier plateau surplombant le lac. Il y avait de la place pour se garer, ce qui était parfait, mais j'étais très près du pont et de ses maudits lampadaires...

Un deuxième spot situé plus loin et permettant d'avoir une vue directe et dégagée. Un chemin descendait en direction du lac mais était barré d'une chaine.

Enfin, le dernier spot permettait aussi de se rapprocher du bord mais malheureusement, il était aussi barré. Il fallait donc marcher pour y arriver... De nuit... Avec tout le matériel... Avec les moustiques pour compagnons... Oui, oui... Malgré tout, vu la beauté du paysage cela valait la peine de marcher un peu pour découvrir les lieux en vue d'une future expédition...

Le soleil commençait à se coucher et l'exploration était terminée. Dès lors, je pouvais me préparer pour la session nocturne.

Beninar tire son nom d'un village qui était autrefois situé dans les hauteurs de la côte d'Almeria, au dessus d'El Ejido.

En 1983 il fut décidé de le sacrifier pour la construction d'un lac de rétention, et il est aujourd'hui enfoui sous les flots.

Les habitants furent déplacés dans les villages environnants, mais ils n'oublièrent jamais ce qui fut un jour leur village...

Vers 22h la nuit commençait à tomber et le moment de partir à la recherche de la voie lactée était venu.
Après avoir embarqué mon matériel photo, j'étais fin prêt à affronter cette fameuse route sinueuse menant au lac. Le fait qu'il était tard impliquait une absence de circulation sur la route, toutefois je ne pus m'empêcher de me remémorer que des sangliers traînaient dans le coin, comme les panneaux routiers l'indiquaient. C'est donc en conduisant aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire, que j'arrivais enfin aux abords du lac.

Pour la première session de prise de vue, je suis parti sur la rive ouest du lac (spot no1) en espérant que la lumière des lampadaires ne serait pas trop visible, mais malheureusement, la voie lactée était trop a droite sur la photo et la vue n'était pas très dégagée. J'ai continué un petit moment sur la route à la recherche d'un spot en hauteur, mais après cinq minutes j'ai vite rebroussé chemin pour aller sur la rive est (spot no2 et 3). Il était déjà minuit et demi et je n'avais pas pris le moindre cliché...

Enfin arrivé sur le deuxième spot, la vue était bien dégagée et la voie lactée bien en face de moi. Parfait ! La fête pouvait commencer : mise en place du trépied et positionnement de l'appareil aussi à plat que possible, mise au point de l'objectif sur les étoiles et ajustements des paramètres de l'appareil. après une dizaine de minutes, j'avais obtenu quelques clichés intéressants de la voie lactée, je pouvais donc passer au light painting pour rehausser la photo.

En été, les sessions d'astrophoto sont relativement courtes puisqu'il ne fait réellement nuit que de 23 heures à 5 heures du matin.

En hiver, la nuit est plus longue, mais selon les latitudes, le froid est intense et le fait de rester dehors toute une demande une certaine forme de folie.

Bien que satisfait de ces premiers shoots, je voulais profiter de me trouver sur place pour aller voir les derniers spots. En allant au point le plus au nord (spot 3), il y avait l'avantage de m'éloigner des lampadaires et donc, d'avoir moins de pollution lumineuse, mais il y avait passablement d'obstacles et il fallait marcher dans le noir (sans la frontale que j'avais bien évidemment oublié) pour trouver un point de vue intéressant.

Je me suis alors rabattu sur ce dernier spot qui était certes près des lumières du barrage, mais qui offrait une vue sur 180° et où il était facile de garer la voiture. Comme en plus c'était sur le chemin, je m'y suis dirigé malgré l'heure tardive. Et là, c'était fabuleux : non seulement la voie lactée avait "bougé" pour se placer idéalement, mais en plus les reflexions sur l'eau étaient incroyables...

Après une demi-heure supplémentaire consacrée à ce nouveau spot, le temps était enfin venu de rentrer et de ranger le matériel pour commencer le traitement.

Ce qu'il y a de formidable avec ces sessions d'astrophoto c'est qu'elles invitent à en imaginer d'autres et à découvrir des lieux nouveaux.

En effet, je me prends désormais à explorer la carte du monde pour repérer des sites potentiels, perdus au milieu de nulle part et d'y accéder à bord d'un van, à la recherche du ciel le plus obscur et le plus étoilé pour le photographier sans relâche.

Conjugons à cela ma passion pour la plongée sous-marine et nous voilà parti pour envisager une future expédition à travers l'Europe.

Mais ça, c'est déjà une autre histoire...

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